Le 19ème siècle, l’âge d’or des vins de Bourgogne

Au 19ème siècle, le vignoble de Bourgogne connaît un formidable élan commercial. Porté par les débuts de la viticulture moderne et les progrès scientifiques, il remporte un franc succès dans le monde entier. Jusqu’à l’apparition du phylloxéra…

Le saviez-vous ?

Au 19ème  siècle, la renommée des vins de Bourgogne irrigue la littérature

Dans Autour de la Lune, un roman d’anticipation signé Jules Verne, trois hommes veulent explorer l’astre lunaire. Pour atteindre leur but, ils prennent place à l’intérieur d’un obus géant, tiré par un gigantesque canon. Ce véhicule spatial hors du commun mène les astronautes vers la Lune.
Alors qu’ils touchent au but de leur périple, ils fêtent leur succès en débouchant… une bouteille de vin de Nuits!
C’est en souvenir de ce passage que la Mission Apollo 11 (1969), menée par Neil Armstrong, emmena et laissa sur la Lune une étiquette de vin de Nuits-Saint-Georges.
 

Entre recherche et classification

 Le développement du commerce du vin - © BIVB / Sébastien Narbeburu

Saviez-vous que Napoléon Ier faisait servir à sa table un seul vin, le Chambertin ? Comme lui, les gourmets du 19ème siècle plébiscitent les vins de Bourgogne, jusqu’en Russie et en Amérique. Délicats, ces vins sont exportés par de riches familles de négociants-éleveurs bourguignons. Elles les achètent aux vignerons, les font vieillir dans leurs caves, puis les mettent en bouteilles ou en fûts avant de les vendre.

En ces temps d’innovations techniques et scientifiques, le vignoble bourguignon bénéficie aussi d’évolutions marquant les débuts de la viticulture moderne :

  • La chaptalisation

Ce procédé est décrit en 1801 par le chimiste Jean-Antoine Chaptal. Il consiste à ajouter du sucre au jus de raisin (« moût »), avant ou pendant sa fermentation. Cette pratique facilite la conservation du vin et augmente son degré d’alcool quand celui-ci est un peu trop faible. Strictement réglementée, elle concerne les vins ayant une trop faible teneur en sucre, liée à de mauvaises conditions météorologiques.

  • Les découvertes de Louis Pasteur

En 1866, ce grand savant explique comment le vin se transforme en vinaigre, sous l’action de micro-organismes (levures, bactéries, etc.). Ces nouvelles connaissances aident les vignerons à améliorer la qualité et la conservation des vins.

  • Les innovations de Jules Guyot

En 1868, ce docteur édite un traité préconisant de nouvelles pratiques viticoles, pour mieux organiser le vignoble et le travail de la vigne. Il s’agit par exemple de planter les ceps à intervalles réguliers, en rangs espacés, pour pourvoir labourer la terre avec une charrue à cheval.

Parallèlement, d’autres scientifiques cherchent à mieux classer les vins de Bourgogne, selon leurs qualités et leurs parcelles d’origine. Des premiers classements sont proposés en 1827 et 1831. Ils sont réutilisés en 1855 par le docteur Lavalle. Celui-ci établit une hiérarchisation officielle des vins, en plusieurs catégories :

 - Les vins « hors ligne »

Ils comprennent les cuvées les plus prestigieuses (ex. : Romanée-Conti, Clos de Vougeot ), classés en deux groupes : « tête de cuvée n°1 » et « tête de cuvée n°2 ».

 - Les vins de « première cuvée » et « deuxième cuvée »

Ces catégories regroupent tous les autres vins.

Mais alors que les vins de Bourgogne connaissent un plein succès, le vignoble est frappé par une crise sans précédent. A partir de 1875, il est envahi par le phylloxéra, un insecte qui fait dépérir la vigne. Venu d’outre-Atlantique, ce « mal noir » réduit fortement la production de vin, puis la surface du vignoble.
Devant l’inefficacité des insecticides, les vignerons adoptent, en 1888 une solution inédite : la greffe. Les plants français sont ainsi associés à des ceps américains, naturellement résistants au phylloxéra, sans que la qualité des vins s’en ressente.

Trente ans plus tard, le vignoble bourguignon a été replanté et offre un nouveau visage. Réorganisé selon les principes du docteur Guyot, il est mieux ordonné, plus aéré, tel que l’on peut le découvrir aujourd’hui.
Cette nouvelle disposition de la vigne permet aussi l’usage des premières machines agricoles.

 

Labour à cheval

dans le vignoble bourguignon

© BIVB / ARMELLEPHOTOGRAPHE.COM Labour à cheval en Bourgogne
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